N°1026, 21 juillet 2025
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La lettre hebdomadaire
Sommaire :
Le transport aérien français subit une pression fiscale de
plus en plus forte, avec plus de 1,3 milliard d'euros de taxes
supplémentaires en 2024 Transavia lance un service inédit de
revente de billets, jusqu’à une heure avant le vol Après le
crash d'Air India, le débat sur l'installation de caméras à bord
des cockpits fait son retour Les aéroports de Paris ne
reviennent toujours pas à leur trafic d’avant Covid
Article Bonus La tarification basée sur l’IA de Delta Air
Lines pourrait déclencher une crise de confiance chez les
clients
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Le transport aérien français subit une pression fiscale de plus en plus forte, avec plus de 1,3 milliard d'euros de taxes supplémentaires en 2024
(source Vincent Capo-Canellas, Sénateur) 15 juillet 2025
Lire l'article :
Le transport aérien français traverse depuis plusieurs années une
tempête de taxes, au risque de décrocher. Rien qu'en 2024/2025 ce
sont plus de 1,3 milliard d'euros de ponctions supplémentaires qui
se sont abattues sur le secteur avec la taxe sur les billets, les
redevances aéronautiques, la taxe sur les infrastructures de longue
distance, la taxe de sûreté et diverses contributions. Les taxes et
redevances représentent 47% du prix sur un aller simple Paris Nice,
soit 61euros pour un billet payé par le voyageur 130 euros
La justification avancée est écologique et budgétaire. L'idée est
qu'il faudrait faire baisser le trafic pour réduire les émissions
(l'Allemagne et la Suède ont choisi de revenir en arrière après
l'avoir expérimenté). Moins voler c'est moins polluer nous dit-on.
Bien sûr, il faut moins rouler, moins utiliser internet, moins se
chauffer... ou le faire avec modération et discernement.
Cette alliance des apôtres de la décroissance et des restrictions
budgétaires est pourtant devenue le mantra absolu « pour la bonne
cause ». Mais est-ce vraiment la clé de la décarbonation ? Et
prélever toujours plus quitte à détruire une partie de la base
taxable est-ce renflouer nos finances sur le moyen et long terme ?
Taxer permettrait-il à la fois de décarboner et de renflouer nos
caisses ? Même si une modération des usages est toujours
utile, émettre moins de CO2 suppose d'abord des carburants durables,
plus chers à l'achat et moins polluants, dont il faut soutenir
financièrement le lancement de la filière. Le renouvellement des
flottes est aussi prioritaire, et coûteux : les avions récents
consomment et émettent 30% de moins. À terme, des ruptures
technologiques sont attendues et mobilisent déjà des financements :
avion hybride, électrique voire à propulsion hydrogène...
L'optimisation des opérations aériennes est un élément important :
au sol avec l'électrification et en vol avec un contrôle aérien
unifié, des « routes aériennes droites » et des descentes « en
continu ». Là encore le secteur a besoin d'investir. Si en 2023 les
émissions du transport aérien français ont été de 10,5 % inférieures
au niveau de 2019 il reste du chemin. Il faut, pour réussir
cette transition, une vision stratégique de long terme avec un cadre
financier stable, pour promouvoir un nouveau standard mondial, dans
un marché concurrentiel. Les compagnies doivent pouvoir s'y
projeter. Nous faisons l'exact contraire. Air France, en
particulier, s'engage avec conviction dans la décarbonation en
incorporant de plus en plus de carburants durables. L'affaiblir est
paradoxal. La marge des compagnies est faible et les prix sont
soumis à une concurrence féroce. En conséquence, c'est une réalité,
nous fermons des lignes, détruisons des emplois, de la connectivité
pour nos métropoles et départements de province, qui perdent en
attractivité et en tourisme. Car il est plus rentable de baser les
avions ailleurs qu'en France : ils seront moins taxés. Et il y a un
manque d'avions pour plusieurs années vu les difficultés des chaînes
de production. Ainsi, le niveau d'émissions se déplace chez nos
voisins... faute d'une démarche coordonnée. Le trafic
intérieur de 2024 est inférieur de 25% à celui de 2019. Cela
s'accélère : -28% au premier trimestre 2025. Le décrochage
s'accentue encore en mai (autour de - 5% de plus). Le trafic
global (vols internationaux compris) est inférieur de 1% à 2019 en
2024 alors qu'il est supérieur de 5 à 15% chez nos comparables et de
4% en Europe. Un écart considérable. Nous représentions en 2023 le
4è marché en Europe, nous sommes retombés en 2024 à la 6e place, et
avons été dépassés par l'Italie et la Turquie. En termes d'offre de
sièges pour les prochains mois, seules la Russie et la Norvège font
moins bien que la France. On attendait un effet rebond post JO à
l'été 2025... Nous favorisons les « hubs » étrangers car
transiter par ceux-ci évite de payer les taxes sur le vol
long-courrier. Voyager en France fait payer la taxe sur les billets
deux fois (à chaque décollage). Voyager vers l'étranger ne la fait
payer qu'à l'aller. Pourtant voyager vers l'étranger c'est émettre
plus avec des vols plus longs. Drôle de paradoxe d'inciter à polluer
plus alors que l'on prétend le contraire. Au total, le modèle
français de décarbonation est regardé par nos voisins avec moquerie
et incompréhension. Mais ce modèle de taxation à tous crins
fait-il rentrer plus de recettes pour notre budget ?
La
différence de points de trafic avec les pays voisins représente
autant de taxes, cotisations et impôts en moins. Sans compter la
perte de valeur patrimoniale d'Air France et d'Aéroport de Paris,
dont l'État est actionnaire et l'effet sur l'activité et le
tourisme. Les déficits générés dans les aéroports de province
mettent les collectivités locales à contribution. La conclusion est
que taxer ne fait pas rentrer, sur le long terme, plus de recettes
budgétaires : nous nous privons de recettes qui partent chez nos
voisins et nous affaiblissons la croissance. La filière
s'est engagée sur un objectif de zéro émission en 2050 (avec une
part résiduelle de compensation). C'est le vrai défi, celui
qui mérite accompagnement, contrôle, vérification. Grâce à nos
ingénieurs, nous sommes les mieux placés pour le relever. Nous avons
su apprendre à voler, puis à transporter des voyageurs dans des
conditions de sécurité maximales, enfin à démocratiser ce mode de
déplacement initialement réservé aux riches. Nous allons décarboner
l'avion. Cette quatrième révolution suppose de ne pas
détruire économiquement notre transport aérien.
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Transavia lance un service inédit de revente de billets, jusqu’à une heure avant le vol
(source Ouest-France) 17 juillet 2025
Lire l'article :
C’est une petite révolution dans le secteur aérien : la compagnie
Transavia a lancé mardi 15 juillet 2025 un nouveau service de
revente de billets, flexible et sécurisé. Une première du genre pour
laquelle la filiale low-cost d’Air France-KLM s’est associée à la
start-up Fairlyne, rapporte Le Figaro. Ce dispositif permet aux
voyageurs qui ne peuvent plus prendre l’avion de proposer leur
ticket à d’autres clients, et ce jusqu’à une heure avant le vol.
Concrètement, la revente se passe sur les canaux digitaux de la
compagnie (sous certaines conditions d’éligibilité). Il suffit de se
rendre sur le site transavia.com, dans l’espace « Mon Transavia »,
et de cliquer sur « Revendez votre billet ». On peut également
bénéficier du service via le site resale.transavia.com.
La mise en vente et la transaction
se déroulent dans l’univers de la compagnie aérienne, sans
intermédiaire extérieur. La plateforme garantit donc une opération
sécurisée et sans surcoût. Le vendeur perçoit quant à lui un
remboursement de son billet équivalent au minimum au montant des
taxes, et jusqu’à 50 % du prix total. Ce qui lui permet de récupérer
un peu d’argent et d’éviter une annulation pure et simple, sans
indemnisation. Pour Transavia, le but est double :
« soigner » ses clients et éviter au maximum les sièges vides au
moment d’embarquer. « Offrir à nos passagers une solution concrète
lorsqu’ils ne peuvent plus voyager, c’est à la fois améliorer leur
expérience et optimiser nos opérations », reconnaît ainsi Nicolas
Hénin, directeur général adjoint Commercial & Marketing, dans un
communiqué relayé par Air Journal. Ce type de plateforme de revente gérée directement par
le voyagiste existe déjà dans le transport ferroviaire pour les
trains Ouigo. Ouverte il y a trois ans, Ouigoswap offre la
possibilité aux passagers de céder leurs billets (à la base non
remboursables) et de récupérer jusqu’à 80 % de leur prix. Le
service, ouvert initialement pour les trains complets, vient
d’évoluer en permettant de revendre son ticket pour beaucoup plus de
trajets. Une façon pour la SNCF de lutter contre la revente
« sauvage » des billets sur les réseaux sociaux ou via des
plateformes concurrentes. Des plateformes qui existent aussi dans le
secteur aérien mais qui présentent des risques : elles sont moins
encadrées et sécurisées que les sites des compagnies. D’autre part,
il faut être vigilant aux arnaques, et bien vérifier avant d’acheter
que le changement de nom sur un billet d’avion est autorisé par la
compagnie qui assure le vol.
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Après le crash d'Air India, le débat sur l'installation de caméras à bord des cockpits fait son retour
(source BFM) 17 juillet 2025
Lire l'article :
L'histoire de l'aéronautique est jalonnée d'accidents graves qui
ont souvent donné lieu à des évolutions dans les aéronefs. On peut
citer les hublots aux angles arrondis, les enregistreurs de vols (boîtes
noires) ou encore les portes d'accès au cockpit sécurisées.
Le crash du Boeing d'Air India (260 morts) ouvre à nouveau le débat
de la présence de caméras dans les cockpits afin de surveiller les
actions des pilotes. En effet, le rapport préliminaire des autorités
du pays stipule que les commutateurs d'alimentation des moteurs en
essence avaient été passés en mode OFF (fermés) juste après le
décollage. Or, il faut trois actions manuelles pour mener à bien
cette opération, ce qui exclut la thèse d'un déverrouillage
accidentel. Évidemment, une "boîte noire vidéo" permettrait
de valider ou d'invalider la thèse d'un acte intentionnel d'un des
pilotes. Willie Walsh, directeur général de l‘Association du
transport aérien international (IATA) estime donc qu'il y a "de
sérieux arguments" pour que la réglementation oblige les compagnies
aériennes à installer des caméras dans les cockpits. "Au vu
du peu que nous savons actuellement, il est fort possible qu’un
enregistrement vidéo, en plus de l’enregistrement vocal, soit d’une
aide précieuse pour les enquêteurs", indique-t-il dans une interview
accordée aux médias singapouriens à propos du crash du vol AI171
d’Air India. L'idée n'est pas nouvelle. Déjà en 2000, Jim Hall, président du
National Transportation Safety Board (NTSB) des États-Unis, a
exhorté la Federal Aviation Administration (FAA) à exiger que les
avions de ligne soient équipés d'enregistreurs vidéo après le crash
du vol 990 d'Egyptair qui aurait été un acte délibéré. Les
constructeurs, Boeing et Airbus, développent même des technologies
embarquées capables de transmettre plus de données et d'images en
temps réel. Mais cette proposition se heurte à une
opposition historique et en bloc des pilotes et de leurs syndicats,
mettant en avant des questions sur la confidentialité et les abus
potentiels de surveillance. Il faut dire que selon les spécialistes
du secteur, les pilotes prennent parfois quelques libertés avec le
règlement, en faisant entrer des passagers dans le cockpit, en
fumant... "Entre vie privée et sécurité, la balance penche
sans équivoque en faveur de la sécurité", indique à Reuters John
Nance, expert en sécurité aérienne et ancien pilote de ligne.
"Protéger les passagers est une obligation sacrée".
Questions sur la confidentialité et les abus potentiels "S’il y a
une garantie de non-récupération des données, en dehors des
accidents, c’est une solution qui pourrait être acceptée par les
syndicats", indique à Ouest-France, Xavier Tytelman, consultant en
aéronautique. Pour autant, les syndicats de pilotes restent
toujours aussi sceptiques, tout comme les compagnies : installer ces
dispositifs exige d'importantes modifications dans les avions, ce
qui exige leur immobilisation et donc des coûts très importants.
Reste que la présence de caméras à bord a déjà démontré sa
pertinence, notamment dans le cas d'accidents graves d'hélicoptères.
En 2023 en Australie, un Robinson R66 se désintègre en vol,
tuant le pilote, seule personne à bord. Selon le rapport final du
Bureau australien de la sécurité des transports qui s'appuie sur les
images captées depuis le poste de pilotage, "le pilote était occupé
à des tâches non liées au vol pendant une grande partie de cette
période, notamment l'utilisation de son téléphone portable et la
consommation de nourriture et de boissons". Sans cette caméra, le
mystère serait sûrement resté entier.
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Les aéroports de Paris ne reviennent toujours pas à leur trafic d’avant Covid
(source Voyages d’Affaires) 15 juillet 2025
Lire l'article :
« Pourrait mieux faire » serait certainement ce que l’on pense
lorsque l’on voit les résultats semestriels des aéroports parisiens,
publiés par Aéroports de Paris. Certes, le trafic passagers continue
d’augmenter. Sur les six premiers mois de 2025, il s’établit
effectivement à 51.347.180 passagers, soit une hausse de 4,5%.
La
croissance est surtout tirée par l’aéroport d’Orly. Ce dernier voit
sa fréquentation progresser de 5% à 16,75 millions de passagers.
En revanche, c’est un peu plus poussif à CDG. Le hub d’Air
France affiche une hausse de 4,3% à 34,6 millions de passagers. Ce
qui est plus inquiétant, c’est le décrochage toujours constaté à
Roissy par rapport à 2019, la dernière année avant le Covid. Le
trafic du premier semestre 2025 est toujours inférieur de 4,8% à la
même période de 2019. Tandis qu’Orly affiche exactement le
même chiffre… mais en positif ! Autre sujet de préoccupation : le
mois de juin marque un tassement dans la croissance. Avec 9,69
millions de passagers sur les deux aéroports, la progression est de
4,1%. Mais CDG décroche avec une croissance de 2,6%. Soit 6,43
millions de passagers, un niveau inférieur de 7 points par rapport à
juin 2019. Cette progression médiocre est notamment due aux
turbulences géopolitiques au Moyen-Orient qui ont pesé sur le trafic
intercontinental. En juin, le trafic vers le Moyen-Orient a de fait
reculé de 3,5%. En parallèle, le ralentissement vers l’Amérique du
Nord se poursuit. Le nombre de passagers en juin a certes progressé
de 1,9%, mais cette hausse est la plus faible de tous les marchés
intercontinentaux. En revanche, le trafic national marque
une hausse inattendue de 2,8% en juin, revenant à 72,7% du niveau de
2019. Sur le premier semestre, le trafic domestique a
néanmoins baissé de 1,4%. Son niveau est désormais inférieur de plus de 30% à
la période de l’avant-Covid.
Article Bonus
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La tarification basée sur l’IA de Delta Air Lines pourrait déclencher une crise de confiance chez les clients
(source Forbes, traduit par Flora Lucas) 19 juillet 2025
Lire l'article :
Que penseriez-vous d’acheter quelque chose et de payer un prix
individualisé déterminé par une intelligence artificielle (IA)
omnisciente ? Ce scénario est plus proche que vous ne le pensez.
Delta
Air Lines mise gros sur l’IA pour augmenter ses profits. La
compagnie aérienne prévoit d’étendre la tarification déterminée par
l’IA de 3 % à 20 % des billets d’ici la fin de l’année.
Si les
dirigeants se réjouissent de ces « revenus unitaires incroyablement
favorables », ils oublient toutefois que cela risque de ne pas être
du goût des clients, qui sont les principaux concernés par cette
tarification. Ils oublient un facteur psychologique puissant
qui pourrait faire échouer cette stratégie : le besoin humain
d’équité en matière de prix. Selon Fortune, l’objectif à
long terme de Delta Air Lines est de s’éloigner complètement des
tarifs fixes et de créer des prix individualisés pour chaque
passager à l’aide de l’IA. « Nous proposerons un prix disponible
pour ce vol, à cette heure-là, pour vous, en tant qu’individu », a
déclaré le président Glen Hauenstein aux investisseurs. Lorsque les
clients entendent cela, ils pensent, qui en profitera le plus :
le client ou la compagnie aérienne ? Cela représente un
changement fondamental dans le contrat psychologique entre les
compagnies aériennes et leurs clients. Même en dehors du secteur
aérien, les responsables marketing devraient y prêter attention.
Le problème de la perception de l’équité Pendant des
décennies, les compagnies aériennes ont fixé leurs tarifs selon un
principe d’inégalité. Cependant, cette inégalité était généralement
transparente. La personne assise à côté de vous pouvait avoir payé
beaucoup plus ou beaucoup moins cher que vous pour le même vol.
Les
prix variaient en fonction de la date de réservation ou de la
possibilité de remboursement intégral du billet. Il était
généralement moins cher de réserver à l’avance. Réserver à la
dernière minute pouvait coûter beaucoup plus cher s’il restait peu
de places, ou même moins cher si le vol était encore à moitié vide.
Les prix variaient en permanence en fonction des réservations et de
la demande prévue. Ce système pouvait entraîner des écarts de prix
importants, mais il semblait néanmoins
fondamentalement équitable. Les règles s’appliquaient de manière
égale à tous. Le
système de tarification basé sur l’IA de Delta Air Lines détruit
cette perception. Lorsqu’un algorithme détermine votre prix à partir
d’une multitude de données qui vous sont propres, mais sans aucune
transparence, vous vous sentez probablement lésé. Le
problème de l’asymétrie de l’information Si vous avez déjà acheté
une voiture d’occasion chez un concessionnaire automobile, vous avez
certainement été confronté au problème de l’asymétrie de
l’information. Le vendeur en sait beaucoup plus que vous : il connaît les problèmes que la voiture peut présenter et qui devront
être réparés rapidement, le prix d’achat du véhicule, le prix de
vente de voitures similaires, votre cote de crédit et vos
antécédents, le bénéfice minimum que le concessionnaire est prêt à
accepter, et bien plus encore. Au moment où le vendeur
jongle avec les chiffres du prix du véhicule, du financement, des
options supplémentaires et du prix de reprise, même les acheteurs
les plus avisés repartent avec le sentiment d’avoir été floués.
Faut-il s’étonner que les vendeurs de voitures d’occasion figurent
parmi les professions les moins dignes de confiance ?
L’asymétrie de l’information n’est pas toujours mauvaise. Elle
existe dans les relations entre médecins et patients, mais la
plupart des gens font confiance aux conseils de leur médecin. Le
problème survient lorsque la partie qui dispose de connaissances
supérieures les utilise comme une arme pour prendre l’avantage sur
l’autre partie. Le vendeur de voitures qui vous vend une voiture
dont les problèmes n’ont pas été corrigés ou qui applique une marge
bénéficiaire exorbitante en est un exemple. L’utilisation de
l’information asymétrique par Delta Air Lines L’approche de Delta
Air Lines en matière d’IA fait passer les vendeurs de voitures
d’occasion pour des amateurs. Leur algorithme sait tout. Les prix et
la disponibilité des vols concurrents. La demande prévue pour les
sièges. Vos informations de crédit. L’historique de vos achats de
billets d’avion. Votre sensibilité aux prix. Si vous cherchez à
obtenir un statut de fidélité supérieur. Votre comportement lors de
cette session de recherche particulière. Et probablement une
douzaine (voire plus) de variables. Des recherches en
économie comportementale montrent que les consommateurs ont un sens
inné de l’équité qui, lorsqu’il est bafoué, déclenche des émotions
négatives plus fortes que presque toute autre transgression
commerciale. Les travaux du prix Nobel Daniel Kahneman sur la
théorie de l’équité démontrent que les gens rejettent des offres
rentables s’ils jugent les conditions injustes et sont prêts à payer
un prix pour punir les entreprises qu’ils jugent injustes.
Pourquoi la tarification basée sur l’IA de Delta Air Lines semble
différente « Ils essaient de lire dans les pensées des gens pour
savoir combien ils sont prêts à payer », a déclaré Justin Kloczko,
de Consumer Watchdog, au magazine Fortune. « En gros, ils piratent
notre cerveau. » C’est la raison pour laquelle la
tarification basée sur l’IA semble fondamentalement différente de la
gestion traditionnelle du rendement. Lorsqu’une compagnie aérienne
fixe ses prix en fonction de l’offre et de la demande, les clients
comprennent la logique. Lorsqu’un algorithme analyse vos données
personnelles pour obtenir le paiement maximum, cela semble abusif.
La distinction psychologique est importante. La discrimination
tarifaire traditionnelle, comme les réductions pour les étudiants,
les tarifs pour les seniors, les tarifs pour achat anticipé, etc.
semble acceptable, car elle repose sur des facteurs transparents et
compréhensibles. La tarification basée sur l’IA qui cible
individuellement les clients en fonction de leur disposition perçue
à payer et d’autres facteurs inconnus dépasse les limites de
l’équité. Comment la confiance envers une marque s’érode
Les responsables marketing qui envisagent des stratégies de
tarification basées sur l’IA doivent comprendre comment la confiance
s’érode généralement. Phase 1 : le choc de la découverte. La
première fois que les clients découvrent qu’ils se voient proposer
deux prix différents selon qu’ils sont connectés ou qu’ils naviguent
anonymement, leur réaction émotionnelle est immédiate. Les réseaux
sociaux amplifient ces découvertes, Phase 2 : adaptation
comportementale. Les clients commencent à contourner le système en
utilisant des VPN, en effaçant les cookies, en créant plusieurs
comptes, en achetant via des applications tierces, etc. Comme l’a
fait remarquer Gary Leff, expert en voyages, dans Fortune, cela peut
fonctionner à court terme, mais les compagnies aériennes pourraient
finir par exiger que les achats soient effectués après connexion.
N’étant plus anonymes, les clients devraient alors « se soumettre à
une tarification personnalisée pour obtenir des sièges avec plus
d’espace pour les jambes ». Phase 3 : rupture de la fidélité
à la marque. Lorsque les clients se rendent compte qu’ils doivent
faire un effort supplémentaire à chaque réservation pour déjouer
votre algorithme de tarification, la relation change
fondamentalement. Ils passent du statut de défenseurs de la marque à
celui d’adversaires, considérant chaque interaction avec suspicion.
Une étude de Gartner a montré l’effet néfaste des efforts inutiles
demandés aux clients sur leur fidélité à une marque.
Implications stratégiques pour les directeurs marketing
« L’IA ne
se contente pas d’optimiser les opérations commerciales, elle
réécrit fondamentalement les règles du commerce et de l’expérience
client », a déclaré l’auteur Matt Britton au magazine Fortune. Pour
les responsables marketing, cela crée un défi sans précédent :
comment maintenir la confiance dans la marque tout en mettant en
œuvre des stratégies de tarification qui semblent intrinsèquement
peu fiables ? #1. La transparence comme avantage
concurrentiel À mesure que de plus en plus d’entreprises
adoptent la tarification basée sur l’IA, les marques qui
maintiennent une tarification transparente et prévisible pourraient
bénéficier d’un avantage concurrentiel significatif. Les gains à
court terme générés par l’optimisation de l’IA pourraient être
compensés par la perte à long terme de clients qui se tourneraient
vers des concurrents « plus équitables ».
#2. Le défi de la
communication La compagnie Delta Air Lines a déclaré à
Fortune qu’elle disposait de « mesures de protection strictes pour
garantir le respect de la législation fédérale », sans toutefois
préciser la nature de ces mesures. Cette opacité aggrave le problème
de confiance. Les directeurs marketing qui mettent en œuvre une
tarification basée sur l’IA sans nuire à la confiance des clients
doivent faire preuve de transparence quant au fonctionnement du
système, aux données utilisées et aux mesures de protection en
place. #3. Stratégie de segmentation Envisagez de
limiter la tarification basée sur l’IA à des segments ou des
produits spécifiques où la variabilité des prix est déjà attendue.
Le changement radical de Delta Air Lines risque d’aliéner ses
clients les plus précieux, à savoir les voyageurs d’affaires qui
apprécient la prévisibilité. #4. Présentation positive des
prix Plutôt que de calculer des prix individuels pour chaque
client, présentez un prix inférieur pour certains clients comme une
remise. Un client qui fait ses achats et voit apparaître une fenêtre
contextuelle indiquant « 10 % de remise, aujourd’hui seulement ! »
sera moins susceptible de considérer cela comme une manipulation
hostile, même s’il ne la voit pas la fois suivante.
#5. Le
paradoxe de la fidélité Gary Leff prédit que les compagnies
aériennes pourraient exiger de leurs clients qu’ils « s’intègrent
pleinement dans leur écosystème pour bénéficier des avantages de ce
système ». Cela pourrait créer une dynamique dangereuse où
vos
meilleurs clients, ceux qui fournissent le plus de données et
effectuent le plus de transactions, pourraient également être les
plus exploités par les algorithmes de tarification. La fidélité à
une marque pourrait être pénalisée. L’avenir de la
tarification basée sur l’IA Le sénateur américain Ruben Gallego a
déjà qualifié la pratique de Delta Air Lines de « tarification
prédatrice », laissant entrevoir d’éventuelles mesures
réglementaires visant à la restreindre. Cependant, la réglementation
pourrait bien être le moindre des problèmes de Delta Air Lines en
matière de tarification basée sur l’IA. Le risque le plus important
est la perte de confiance des clients et l’érosion de leur fidélité.
Les directeurs marketing qui envisagent d’adopter la
tarification basée sur l’IA doivent répondre à une question
cruciale : maximiser les revenus de chaque transaction vaut-il la
peine de mettre en péril le fondement psychologique et émotionnel
des relations avec les clients ? L’expérience de Delta Air
Lines en matière de tarification basée sur l’IA pourrait en effet
générer des « revenus unitaires incroyablement favorables » à court
terme. Toutefois, si cette pratique déclenche une crise de confiance
parmi les clients qui se sentent manipulés ou traités de manière
injuste, ces gains pourraient être compromis par des défections et
une mauvaise publicité.
Fin de la revue de presse
>
Évolution du cours de l'action Air France-KLM
L'action Air France-KLM est à
11,16 euros en clôture vendredi 18 juillet. Sur la semaine, elle est
en hausse (+1,64%) après une hausse de +39% les trois semaines
précédentes. Elle était à 13,60 euros
le 1er janvier 2024, à 8,23 euros le 1er juillet 2024, à 7,604 euros
le 1er janvier 2025.
La moyenne (le consensus) des analystes à 12 mois pour l'action
AF-KLM est à 8,59 euros (elle était à 17,50 euros début janvier
2024). L'objectif de cours le plus élevé est à 12,50 euros, le plus
bas à 5,40 euros.
Je ne
prends en compte que les opinions d'analystes postérieures au 1er
juillet 2023.
Vous pouvez retrouver sur
mon blog le
détail du consensus des analystes.
Ci-dessous l'évolution du cours de bourse sur les 5 dernières
années.

>
Évolution du prix du carburant cette semaine
Le baril de Jet Fuel en Europe est en légère hausse (+1$) à
97$. Il était à 94$
fin juin 2023, à 79$
avant le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Le baril de pétrole Brent (mer du nord)
est en légère baisse (-2$) à 69$.
De la mi-février
2022
à fin juillet 2022, il faisait le yoyo entre 100 et 120$. Depuis, il oscillait
entre 75$ et 99$.
>
Gestion des FCPE
Lorsque vous placez de l'argent dans un des fonds FCPE d'Air
France, vous obtenez des parts dans ces fonds. Vous ne détenez pas
directement d'actions.
Ce sont les conseils de surveillance,
que vous avez élus en juillet 2021 pour cinq ans, qui gèrent les fonds
et qui prennent les décisions.
Les fonds Partners for the
Future, Aeroactions,
Majoractions et Concorde ne détiennent que des actions Air France.
Les fonds Horizon Épargne Actions (HEA), Horizon Épargne Mixte
(HEM), Horizon Épargne Taux (HET) gèrent des portefeuilles d'actions
diverses.
Précisions
Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une
incitation à vendre ou une sollicitation à acheter des actions Air France-KLM.
Vous pouvez réagir à cette revue de presse ou bien me communiquer toute
information ou réflexion me permettant de mieux vous informer.
Vous pouvez me poser, par retour, toute
question relative au groupe Air France-KLM ou à l'actionnariat
salarié.
À bientôt.
Pour retrouver mes dernières lettres, c'est
ici
Si vous appréciez cette lettre, faites-la
circuler.
Les nouveaux lecteurs pourront la recevoir en
me communiquant l'adresse
email de leur choix.
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François Robardet
À la pointe d'une aviation européenne plus responsable, nous rapprochons les peuples pour construire le monde de demain.
(Raison d'être d'Air France-KLM)
Je représentais les salariés et anciens salariés
d'Air France-KLM. Vous pouvez me retrouver sur mon
compte twitter @FrRobardet ainsi que sur LinkedIn.
Cette lettre traite de l'aérien dans le monde et de sujets
liés à l'actionnariat d'Air France-KLM. Si vous ne voulez plus
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